1,5 million. C’est le nombre de trajets partagés sur BlaBlaCar chaque mois, une statistique qui en dit long sur la transformation du covoiturage ces quinze dernières années. Pourtant, peu se souviennent que ce mastodonte de la mobilité connectée n’a pas toujours porté ce nom aussi familier. Derrière la success story, il y a eu des tâtonnements, des choix fondateurs, et un changement d’identité devenu décisif.
De covoiturage.fr à BlaBlaCar : une histoire de transformation
Au tout début, la plateforme portait le nom limpide de covoiturage.fr. Difficile de faire plus explicite : l’objectif était clair, il s’agissait de mettre en relation conducteurs et passagers prêts à partager la route. À la manœuvre, trois fondateurs : Frédéric Mazzella, Nicolas Brusson, Francis Nappez. Leur vision, née en France, s’inscrivait dans une logique collective, bien avant la vague de l’économie collaborative qui a déferlé par la suite.
Derrière cette vitrine, la société, fondée en 2006 sous le nom de Comuto, se projetait déjà sur le long terme. À cette époque, le covoiturage restait marginal, loin de l’agitation médiatique d’aujourd’hui. Les premiers utilisateurs se comptaient en milliers, et l’outil était rudimentaire. Pourtant, les bases étaient là : une communauté qui s’organise, les trajets longue distance qui se multiplient, et de nouveaux repères pour ceux qui voulaient partager leur voiture.
Le passage à BlaBlaCar a marqué une mue profonde. Ce nouveau nom, inspiré du système de notation du degré de bavardage entre passagers, a permis de donner un visage plus humain à la marque. De la France à l’Europe, puis au-delà, la plateforme a su rassembler une myriade d’utilisateurs, portée par une ambition renouvelée et la volonté de s’imposer comme référence mondiale de la mobilité partagée.
Pourquoi la plateforme a-t-elle changé de nom ?
Changer de nom, c’est affirmer une nouvelle direction. covoiturage.fr racontait une histoire locale, presque artisanale. Mais avec la croissance fulgurante et l’explosion du nombre d’utilisateurs, une évolution s’est imposée. Le nom d’origine, aussi direct qu’il soit, ne permettait pas d’embrasser le monde. Il fallait un nom court, facile à retenir, sans frontières linguistiques : BlaBlaCar est né de cette nécessité.
Ce choix n’est pas un hasard. Il fallait un symbole, une identité immédiatement identifiable. La convivialité du covoiturage s’incarne dans le système de badges « bla », « blabla » ou « blablabla », selon le goût de chaque membre pour la conversation. Ce petit détail est vite devenu la marque de fabrique de la communauté.
Avec l’essor de la mobilité partagée, la plateforme a dû regarder au-delà des frontières françaises. L’adoption de BlaBlaCar a ouvert la porte à une expansion sur de nouveaux marchés. Un nom universel, capable de rassembler des millions de personnes, sans barrière de langue ni de culture. Ce virage stratégique a permis à la société de franchir un cap décisif.
Anecdotes et faits surprenants sur les débuts de BlaBlaCar
L’histoire de BlaBlaCar commence loin des projecteurs et des levées de fonds spectaculaires. À ses débuts, la plateforme portait un nom presque confidentiel : Comuto. Derrière cette appellation, il y avait surtout de l’incertitude. Les trois cofondateurs, Frédéric Mazzella, Nicolas Brusson et Francis Nappez, se sont lancés sans investisseurs ni grandes annonces. Le service était gratuit, puis proposé en version payante, une formule qui a mis du temps à séduire.
L’une des anecdotes marquantes de cette période : la première version du site, conçue par Francis Nappez, a été développée sur son temps libre. Un site minimaliste, où les conducteurs et passagers pouvaient déposer et consulter des annonces, sans réservation en ligne. Seuls les plus audacieux tentaient alors l’expérience, misant tout sur la confiance et l’esprit de communauté. C’est ce pari qui a, peu à peu, dessiné les contours du réseau que l’on connaît aujourd’hui.
Voici quelques repères qui témoignent de cette aventure :
- En 2006, la plateforme réunissait seulement quelques milliers d’utilisateurs, bien loin du raz-de-marée actuel.
 - Au début, Frédéric Mazzella consacrait un temps fou à répondre aux questions des conducteurs, parfois en allant à leur rencontre.
 - Le nom BlaBlaCar a émergé lors d’une séance de brainstorming, pour souligner l’importance du dialogue entre membres, une idée qui a su fédérer et faire sourire.
 
La croissance, loin d’être linéaire, a connu des passages à vide. Avant d’atteindre le sommet, la société a multiplié les essais, notamment sur la manière de rentabiliser le service, jusqu’à ce que la réservation en ligne trouve son public. Ce tournant a rassuré les utilisateurs et donné à la plateforme les moyens de ses ambitions internationales.
Ce que l’évolution de BlaBlaCar dit sur l’innovation en France
L’ascension de BlaBlaCar éclaire d’un jour nouveau le paysage entrepreneurial français. Le trio fondateur, Frédéric Mazzella, Nicolas Brusson, Francis Nappez, a su bousculer les habitudes et montrer qu’il était possible de faire bouger les lignes depuis la France. Le choix d’un modèle communautaire, puis l’adoption progressive d’un service à la commission, témoignent d’une capacité à ajuster la trajectoire sans perdre de vue l’ambition globale.
L’exemple BlaBlaCar démontre que la France n’est pas condamnée à la prudence. Passer de l’expérimentation à la structuration, intégrer le Next40, se frotter à la SNCF et à des acteurs bien installés : la plateforme a converti une idée en une entreprise de stature mondiale, rassemblant une communauté massive.
Voici quelques jalons qui ont façonné son parcours :
- La valorisation de l’impact écologique, notamment la réduction des émissions de CO2, a été un levier dans la croissance et la communication.
 - L’application mobile, lancée très tôt, a permis de lever les obstacles techniques et d’attirer à la fois conducteurs et passagers.
 - Face à des acteurs comme Mobicoop ou Flixbus, BlaBlaCar s’est imposé en misant sur son réseau, la confiance et une transparence tarifaire.
 
Le parcours de BlaBlaCar soulève une question : pourquoi si peu d’aventures françaises comparables ? C’est sans doute l’alchimie entre vision, adaptation et sens du timing qui a joué. La proximité avec les membres, l’écoute active du terrain, l’envie d’innover pour répondre à des besoins réels : voilà ce qui fait la différence.
Aujourd’hui, le covoiturage n’est plus un pari marginal. BlaBlaCar continue d’écrire une histoire où l’audace rencontre la réalité du quotidien. Une histoire qui, pour beaucoup, ne fait que commencer.


        